Travail de nuit ou heures de nuit, quelle majoration ?

PIANCATELLI, Charlie

PIANCATELLI, Charlie

Publié le : 18 Nov, 2025
Visuel informatif sur le travail de nuit et les majorations des heures de nuit dans le secteur du BTP
5 minutes

Le travail de nuit est une réalité quotidienne pour de nombreuses entreprises, qu’il s’agisse d’assurer la continuité d’un chantier, de respecter un délai contractuel ou d’intervenir en horaires décalés pour des raisons de sécurité. Mais entre définition légale des heures de nuit, statut de travailleur de nuit, majorations salariales et repos compensateurs obligatoires, les règles françaises peuvent rapidement devenir difficiles à maîtriser, surtout lorsqu’on gère plusieurs équipes et chantiers en parallèle.

Vos équipes méritent mieux qu’un tableur Excel
Le logiciel RH qui simplifie la vie des responsables et des ouvriers du BTP et TP.
Interface de pointage ouvrier du BTP affichant les heures journalières (7:00, 8:50, 7:15, 4:20) dans le logiciel de pointage chantier Tim Management

Définition légale des heures de nuit en France

Quelle est la période légale des heures de nuit ?

Selon l’article L3122-2 du Code du travail, les heures de nuit correspondent à une période d’au moins 9 heures consécutives, incluant obligatoirement l’intervalle entre minuit et 5h.
Cette plage doit se situer entre 21h et 7h.
Dans la pratique, la plupart des conventions collectives utilisent une plage de référence allant de 21h à 6h. Toutefois, seul un accord collectif peut définir précisément cette période dans l’entreprise ou le secteur.

Quelles différences entre “heures de nuit” et “travail de nuit” ?

Il est essentiel de distinguer deux notions souvent confondues : les heures de nuit et le travail de nuit.

  • Heures de nuit : toute heure travaillée entre la plage légale fixée par l’article L3122-2 du Code du travail.
  • Travail de nuit : concerne un salarié qui travaille habituellement pendant la période de nuit et remplit des conditions précises définies par l’article L3122-5.

Conditions pour être considéré comme “travailleur de nuit”

L’article L3122-5 du Code du travail définit deux cas permettant à un salarié d’obtenir le statut de travailleur de nuit :

  • Il réalise au moins 3 heures de travail de nuit (dans la période définie par l’entreprise) au moins deux fois par semaine de manière habituelle ;
  • Ou bien il effectue un nombre minimal d’heures de nuit fixé par accord collectif sur une période de référence (par exemple : 270 heures sur 12 mois dans certains accords).

Ce statut déclenche des protections renforcées : suivi médical, aménagement potentiel du poste, consultation du CSE et organisation spécifique des plannings.

Limites horaires, durées maximales et obligations pour l’employeur

Le travail de nuit est strictement encadré pour protéger la santé des travailleurs. Voici les principales limites prévues par les articles L3122-6 à L3122-8 du Code du travail.

  • Durée quotidienne maximale : 8 heures consécutives, sauf dérogation prévue par accord collectif.
  • Durée hebdomadaire moyenne : 40 heures sur 12 semaines consécutives (48 heures possibles sous conditions).
  • Repos obligatoire : contreparties sous forme de repos compensateur pour tout travail de nuit (L3122-8).
  • Suivi renforcé : examen médical périodique obligatoire pour tout travailleur de nuit.
  • Justification du recours au travail de nuit : uniquement si indispensable à la continuité de l’activité.

Quelles majorations pour les heures de nuit ?

Aucune majoration obligatoire dans le Code du travail

Contrairement à ce que l’on entend souvent, le Code du travail ne prévoit aucune majoration salariale automatique pour les heures de nuit.
Aucune loi française n’impose un pourcentage de majoration (comme +20 % ou +25 %), même lorsque les heures sont effectuées entre 21h et 6h.

Les exceptions : repos compensateur obligatoire

Même si aucune prime de nuit n’est obligatoire, l’article L3122-8 du Code du travail impose une contrepartie au travail de nuit sous forme de
repos compensateur.

Le salarié doit donc bénéficier d’un temps de repos dédié, dont la durée est définie par la convention collective ou l’accord d’entreprise. Cela vaut pour toutes les entreprises, y compris celles du BTP, notamment lors des chantiers nocturnes (travaux publics, interventions d’urgence, voirie).

Ce que prévoient les conventions collectives pour la majoration

Les principales majorations de nuit proviennent des conventions collectives ou d’accords d’entreprise.
Elles définissent précisément :

  • la plage horaire considérée comme « nuit » ;
  • le pourcentage de majoration appliqué ;
  • le montant des primes spécifiques (prime panier, prime trajet) ;
  • le repos compensateur applicable.

Exemple du BTP : taux de nuit généralement constatés

Dans les entreprises du bâtiment et des travaux publics, les majorations couramment observées dans les accords collectifs sont les suivantes :

  • +10 % pour les heures effectuées entre 21h et 23h ;
  • +20 % pour les heures réalisées entre 23h et 5h ;
  • +25 % à +30 % pour les chantiers nocturnes à forte pénibilité (voirie, routes, réseaux) ;
  • Prime spécifique de nuit pouvant aller de 5 € à 20 € selon les entreprises ;
  • Repos compensateur additionnel dans certains accords locaux.

Ces valeurs ne sont pas obligatoires légalement mais représentent les pratiques les plus répandues dans le secteur.

Exemples d’accords d’entreprise : +10 %, +20 %, +25 %, +30 %

De nombreuses entreprises fixent elles-mêmes des taux plus attractifs pour éviter le turnover et faciliter la gestion des équipes de nuit.
Voici quelques exemples fréquemment observés dans le secteur :

  • +10 % pour toute heure effectuée entre 21h et 6h ;
  • +20 % pour les heures au cœur de la nuit (23h–5h) ;
  • +25 % pour les équipes en 3×8 ;
  • +30 % pour les chantiers à contraintes fortes (travaux publics, nuit continue, trafic routier réduit).

Un logiciel de pointage permet de paramétrer chaque taux selon l’accord signé afin d’éviter les erreurs de calcul lors de l’export vers la paie.

Tableau récapitulatif des majorations selon les plages horaires

Plage horaire Statut légal Majoration prévue par la loi Majoration généralement constatée (BTP) Repos compensateur
21h – 23h Heures de nuit (accord obligatoire) Aucune +10 % Selon accord
23h – 5h Heures de nuit légales (inclus minuit–5h) Aucune +20 % à +30 % Repos obligatoire (L3122-8)
5h – 6h Heures de nuit possibles selon accord Aucune +10 % à +20 % Selon accord
Statut travailleur de nuit ≥ 3h de nuit 2×/semaine ou seuil annuel Aucune majoration automatique Prime spécifique + taux sectoriel Repos compensateur renforcé
CCN BTP Plage définie par la convention Aucune imposée +10 % à +30 % selon chantiers Repos compensateur conventionnel

 

Zone à risque inondation tim management

Comment calculer les majorations de nuit ?

Calcul simple : taux horaire × majoration

Le calcul d’une majoration de nuit reste assez simple lorsqu’un pourcentage est prévu par la convention collective ou l’accord d’entreprise.
La formule de base est :

Rémunération d’une heure de nuit = Taux horaire × (1 + taux de majoration)

Par exemple, dans une entreprise du BTP utilisant une majoration de +20 % pour les heures réalisées entre 23h et 5h :

• Taux horaire : 15 €
• Majoration : +20 %
• Rémunération de l’heure de nuit : 18 €


Cas des équipes alternantes / 2×8 / 3×8

Dans les entreprises du BTP qui fonctionnent en équipes successives (2×8, 3×8), le calcul peut devenir plus complexe, car les salariés changent régulièrement de plage horaire.

Voici les principales situations :

  • Équipe du soir (2×8) : une partie des heures est majorée (21h–23h), l’autre non.
  • Équipe de nuit (3×8) : toutes les heures sont éligibles à la majoration, avec parfois un taux spécifique pour les travailleurs nocturnes.
  • Rotation hebdomadaire : les salariés alternent entre jour/soir/nuit, ce qui nécessite un suivi précis du cumul des heures.

Dans ces organisations, le recours à un logiciel de planning et de pointage est indispensable pour :

  • identifier les plages éligibles à la majoration,
  • appliquer le taux correspondant à chaque tranche horaire,
  • suivre les seuils légaux liés au travail de nuit (L3122-5),
  • gérer les repos obligatoires.

Prise en compte du repos compensateur

Même en l’absence de prime obligatoire, le repos compensateur prévu par l’article L3122-8 doit être ajouté au calcul global de la rémunération indirecte du salarié.

Les entreprises du BTP appliquent généralement des repos tels que :

  • 1 heure de repos pour 3 à 5 heures de nuit,
  • 1 journée de repos par tranche de 35 heures de nuit cumulées,
  • repos supplémentaire pour travailleur de nuit reconnu.

Le repos compensateur ne se calcule pas comme une prime financière : il représente un temps de repos obligatoire, à intégrer dans le planning et dans les limites légales de durée du travail.

Un logiciel de pointage peut générer automatiquement ces droits et éviter les oublis.


Erreurs de calcul les plus fréquentes dans le BTP

Dans le secteur du BTP, les chantiers de nuit sont souvent urgents ou atypiques, ce qui favorise les erreurs de calcul. Voici les plus courantes :

  • Confondre heures de nuit et travail de nuit : les droits et majorations peuvent changer.
  • Oublier la tranche 21h–23h lorsque la convention prévoit une majoration spécifique.
  • Ne pas distinguer les taux selon les plages horaires (ex : +10 % avant minuit, +20 % après).
  • Ne pas appliquer le repos compensateur obligatoire même sans prime.
  • Erreur de cumul lors des rotations 2×8 / 3×8.
  • Saisies manuelles erronées pour les horaires réels (heures arrondies, oublis de passages minuit–5h).

Ces erreurs peuvent entraîner des litiges, une non-conformité ou des rappels de salaire.
L’usage d’un logiciel de pointage automatisé, capable de détecter les heures de nuit minute par minute, réduit considérablement ces risques pour les entreprises du BTP.

Obligations de l’employeur

Examen médical obligatoire pour les travailleurs de nuit

Le travail de nuit implique des risques spécifiques reconnus par le Code du travail. C’est pourquoi tout salarié considéré comme travailleur de nuit au sens de l’article L3122-5 bénéficie d’un suivi médical renforcé.

L’employeur doit obligatoirement organiser :

  • un examen médical préalable avant l’affectation au poste de nuit ;
  • un suivi régulier, généralement tous les 6 mois ou 1 an, selon l’avis du médecin du travail ;
  • des visites complémentaires en cas de fatigue, troubles du sommeil, ou demande du salarié.

Aménagement du poste et prévention des risques

Lorsque le médecin du travail l’estime nécessaire, l’employeur doit adapter le poste ou les horaires. Ces obligations valent pour toutes les entreprises, mais sont particulièrement importantes dans le BTP où les environnements nocturnes peuvent être plus dangereux (circulation, engins, éclairage).

Les obligations principales incluent :

  • adapter les horaires pour limiter les durées excessives de travail de nuit ;
  • réduire l’exposition aux dangers (éclairage renforcé, signalisation, EPI adaptés) ;
  • organiser des pauses obligatoires sur les chantiers nocturnes ;
  • prévoir des rotations d’équipes pour limiter la fatigue chronique.

Consultation du CSE et accords obligatoires

Le recours au travail de nuit ne peut être mis en place que lorsqu’il est indispensable à la continuité de l’activité. Dans ce cadre, l’entreprise doit obligatoirement consulter le CSE (Comité Social et Économique).

Trois obligations majeures s’appliquent :

  • Consultation du CSE avant l’instauration ou la modification des horaires de nuit ;
  • Négociation d’un accord collectif définissant les plages de nuit, les contreparties, et l’organisation des équipes ;
  • Mise à jour du DUERP pour intégrer les risques spécifiques liés au travail nocturne.

Traçabilité via le logiciel RH / planning

Pour respecter ces obligations, l’employeur doit garantir une traçabilité fiable des heures réellement effectuées de nuit et des mesures mises en place (repos compensateur, pauses, rotations).

Un logiciel RH et de pointage devient alors indispensable pour :

  • enregistrer automatiquement les passages en heures de nuit (21h–23h, 23h–5h, 5h–6h) ;
  • générer des rapports pour le médecin du travail ou le CSE ;
  • suivre les durées maximales légales et éviter les dépassements ;
  • planifier les repos compensateurs et les pauses obligatoires ;
  • sécuriser le calcul de la paie selon les taux de majoration négociés.

Conclusion

En résumé, le travail de nuit dans le secteur du BTP nécessite une maîtrise précise des règles légales et des pratiques conventionnelles. Si le Code du travail ne prévoit aucune majoration obligatoire, il impose toutefois un repos compensateur et un suivi médical renforcé pour les travailleurs de nuit. Les taux applicables, +10 %, +20 %, +25 % ou parfois +30 %, proviennent principalement des conventions collectives ou des accords d’entreprise, ce qui rend indispensable une bonne connaissance des textes internes à sa société.

Le calcul des heures de nuit, surtout lorsqu’il existe plusieurs plages horaires (21h–23h, 23h–5h, 5h–6h), reste souvent complexe dans les entreprises du bâtiment. Entre les rotations 2×8 ou 3×8, les repos compensateurs, les seuils légaux et la prévention des risques, les risques d’erreurs sont fréquents si l’on s’appuie uniquement sur des feuilles Excel ou des pointages manuels.

Foire aux questions

À partir de quelle heure commence réellement le travail de nuit selon la loi ?

Le Code du travail définit les heures de nuit comme une période d’au moins 9 heures consécutives située entre 21h et 7h, incluant obligatoirement l’intervalle minuit–5h.
Les conventions collectives, notamment dans le BTP, peuvent préciser cette plage (ex. : 21h–6h).

Les heures de nuit donnent-elles toujours droit à une majoration ?

Non. Il n’existe aucune majoration obligatoire prévue par la loi. Les pourcentages (+10 %, +20 %, +25 %, +30 %) proviennent des conventions collectives ou accords d’entreprise.
En revanche, un repos compensateur est obligatoire (article L3122-8).

Comment savoir si un salarié est “travailleur de nuit” ?

Un salarié est considéré comme travailleur de nuit s’il réalise :

  • au moins 3 heures de nuit deux fois par semaine ; ou
  • un nombre minimal d’heures de nuit fixé par accord (souvent : 270 heures sur 12 mois).

Les heures de nuit comptent-elles comme des heures supplémentaires ?

Oui, lorsqu’elles dépassent la durée légale hebdomadaire (35h) ou la durée fixée dans l’entreprise.
Une heure peut donc être à la fois :
• une heure de nuit
• une heure supplémentaire
Ces deux régimes se cumulent selon les accords du BTP.

Tim Management

Votre logiciel de suivi de chantier