Comment fonctionnent les congés en N-1 ?

PIANCATELLI, Charlie

PIANCATELLI, Charlie

Publié le : 5 Déc, 2025
Illustration de l’article sur le fonctionnement des congés N-1 et des congés payés en entreprise
4 minutes

Entre congés N, congés N-1, période de référence et solde à prendre avant une date limite, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver. Pourtant, ces règles influencent directement la planification des absences, la gestion RH et même la paie. En France, l’acquisition et la prise des congés payés sont strictement encadrées par le Code du travail, et les dernières évolutions jurisprudentielles rendent leur compréhension plus importante que jamais.

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Définition et règles du Code du travail des congés en N-1

Les congés N-1 désignent les jours de congés payés qu’un salarié a acquis au cours de la période de référence précédente. Conformément au Code du travail (articles L3141-1 et suivants), tout salarié cumule des congés à raison de 2,5 jours ouvrables par mois de travail effectif. Une fois cette période terminée, ces jours deviennent des CP N-1 et peuvent être pris durant l’année suivante.

Sur la fiche de paie, ces congés apparaissent sous la mention “Congés N-1” : ils correspondent exclusivement aux jours acquis sur la dernière période écoulée et utilisables pendant la période en cours. Les comprendre est essentiel pour lire son solde de congés payés et organiser correctement la prise de congés dans l’entreprise.

La période de référence : comprendre le cycle du 1ᵉʳ juin au 31 mai

En l’absence d’accord collectif contraire, la période de référence légale s’étend du 1ᵉʳ juin de l’année N-1 au 31 mai de l’année N (article L3141-10 du Code du travail). Pendant ces 12 mois, le salarié acquiert ses droits à congés. Ainsi, les congés acquis entre le 1ᵉʳ juin 2024 et le 31 mai 2025 constitueront les congés N-1 utilisables entre le 1ᵉʳ juin 2025 et le 31 mai 2026.

Ce fonctionnement cyclique permet d’identifier clairement :

  • les congés déjà acquis et immédiatement mobilisables ;
  • les congés en cours d’acquisition ;
  • les éventuels reports ou pertes en fin de période.

Certains secteurs (comme le BTP ou les entreprises en modulation/forfait jours) peuvent prévoir une période différente via accord collectif, mais le mécanisme N / N-1 reste identique.

Pourquoi parle-t-on de “N” et “N-1” pour les congés payés ?

La distinction entre année N et année N-1 permet de séparer :

  • Année N : période d’acquisition en cours (les congés se cumulent mais ne sont généralement pas encore utilisables)
  • Année N-1 : période d’acquisition précédente (les congés peuvent être pris).

Par exemple, si nous sommes en 2025 :

  • Les CP N correspondent aux congés acquis entre le 1ᵉʳ juin 2025 et le 31 mai 2026.
  • Les CP N-1 désignent les congés acquis entre le 1ᵉʳ juin 2024 et le 31 mai 2025.

Cette organisation est utilisée sur toutes les fiches de paie et dans la plupart des SIRH, car elle rend la lecture du solde de congés simple et conforme aux obligations légales d’information de l’employeur (jurisprudence 2023–2024).

Congés acquis, congés en cours d’acquisition et solde

Pour comprendre les congés N-1, il est indispensable de distinguer trois notions utilisées sur les bulletins de paie et dans les outils RH :

1. Les congés acquis

Les congés acquis sont les jours déjà cumulés par le salarié. Sur la fiche de paie, ce terme désigne le plus souvent les congés de l’année précédente, donc les congés N-1, immédiatement disponibles.

2. Les congés en cours d’acquisition (CP N)

Il s’agit des jours que le salarié est en train de cumuler pendant l’année N. Ils deviennent utilisables uniquement à partir du 1ᵉʳ juin suivant (sauf cas particuliers, notamment prise anticipée autorisée par accord).

3. Le solde de congés payés

Le solde correspond à la différence entre :

  • les congés acquis ;
  • et les congés déjà pris depuis le début de la période de référence.

Exemple typique sur un bulletin de paie :

Congés Acquis Pris Solde
Congés N-1 30 jours 20 jours 10 jours
Congés N 7,5 jours 0 jour 7,5 jours

Cette lecture est essentielle pour anticiper la prise des congés, éviter la perte de jours et garantir la conformité RH au sein de l’entreprise.

Comment sont acquis les congés payés N-1 ?

Les congés payés N-1 correspondent aux jours de congés acquis par le salarié au cours de la période de référence précédente. Leur calcul est strictement encadré par le Code du travail (articles L3141-1 à L3141-9), qui prévoit un mode d’acquisition uniforme pour tous les salariés, qu’ils soient en CDI, CDD, à temps plein ou à temps partiel.

Le calcul légal : 2,5 jours ouvrables par mois de travail effectif

Selon l’article L3141-3 du Code du travail, chaque salarié acquiert 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif. Ce mode de calcul conduit à un total de 30 jours ouvrables par an, soit l’équivalent de 5 semaines de congés payés.

Le « travail effectif » comprend toutes les périodes durant lesquelles le salarié est considéré comme présent, même s’il ne travaille pas physiquement, notamment :

  • périodes d’activité professionnelle réelle ;
  • congés maternité, adoption et paternité (assimilés légalement à du travail effectif) ;
  • accident du travail ou maladie professionnelle (C. trav., L1226-7) ;
  • repos compensateur, jours de RTT, formation obligatoire.

En revanche, certaines absences (arrêt maladie non professionnelle, absence injustifiée, congé parental à temps plein…) ne génèrent pas de droits à congés, sauf dispositions conventionnelles plus favorables.

À l’issue de la période de référence (1ᵉʳ juin N-1 → 31 mai N), les jours acquis deviennent les congés N-1 et sont intégralement mobilisables.

Jours ouvrables ou jours ouvrés : quelle méthode s’applique ?

Le droit commun impose l’utilisation des jours ouvrables comme base de calcul des congés
payés. La méthode légale est donc :

  • 2,5 jours ouvrables par mois30 jours ouvrables maximum par an ;
  • décompte sur 6 jours par semaine (du lundi au samedi hors jours fériés non travaillés).

Cependant, de nombreuses conventions collectives, notamment dans les secteurs fortement structurés comme la métallurgie, les banques ou certains domaines du BTP, prévoient une alternative : le calcul en jours ouvrés.

Dans cette méthode, l’acquisition passe à :

  • 2,08 jours ouvrés par mois25 jours ouvrés maximum par an ;
  • décompte sur 5 jours par semaine (du lundi au vendredi).

Cette précision est essentielle pour comprendre un compteur de congés, car une entreprise peut indiquer 30 jours (ouvrables) ou 25 jours (ouvrés) tout en offrant exactement le même volume de congés.

Cas particuliers : maladie, maternité, accident du travail, CDD, temps partiel

Certaines situations modifient ou sécurisent l’acquisition des congés payés durant l’année N-1. Voici les cas les plus importants à connaître pour éviter une mauvaise interprétation du solde CP N-1.

1. La maladie non professionnelle

L’arrêt maladie classique n’est pas considéré comme du travail effectif. Le salarié ne cumule donc pas de congés payés durant cette période, sauf :

  • s’il existe un accord collectif plus favorable ;
  • ou si l’employeur applique volontairement une politique RH élargie.

2. L’accident du travail ou la maladie professionnelle (AT/MP)

Selon la loi et la jurisprudence, les périodes d’AT/MP ouvrent droit à congés payés. Elles sont donc comptabilisées dans les congés acquis N-1.

3. Le congé maternité, adoption ou paternité

Ces congés sont assimilés à du temps de travail effectif. Le salarié continue donc d’acquérir des congés payés normalement (C. trav., L3141-5).

4. Le CDD

Les salariés en CDD bénéficient de la même acquisition : 2,5 jours ouvrables par mois. En fin de contrat, les congés non pris sont rémunérés via l’indemnité compensatrice de congés payés (L3141-30).

5. Le temps partiel

Un salarié à temps partiel acquiert les mêmes droits qu’un salarié à temps plein : 2,5 jours ouvrables par mois, quelle que soit la durée hebdomadaire travaillée. Seule la rémunération des congés varie, pas le  nombre de jours.

Ces cas particuliers expliquent pourquoi deux salariés ayant travaillé la même année civile peuvent afficher des soldes de congés N-1 différents.

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Comment calculer ses congés payés N-1 ?

Le calcul des congés payés N-1 repose sur une méthode simple et strictement encadrée par le Code du travail. Pour connaître le solde de congés réellement utilisable pendant l’année en cours, il faut comparer le nombre de jours acquis durant la période N-1 et le nombre de jours déjà pris depuis le début de la nouvelle période de référence.

Ce calcul apparaît généralement en bas du bulletin de paie sous la forme de trois lignes :
« Acquis », « Pris », « Solde ».

La formule de calcul du solde N-1

Pour déterminer son solde de congés N-1, on applique la formule légale suivante :

Solde de congés N-1 = Congés N-1 acquis – Congés N-1 pris depuis le 1ᵉʳ juin de la période suivante

Cette formule est valable que l’entreprise calcule les congés en jours ouvrables (méthode légale) ou en jours ouvrés (méthode conventionnelle ou accord d’entreprise).

Le résultat obtenu représente le nombre de jours que le salarié peut encore prendre avant la fin de la période de prise, en général le 31 mai de l’année suivante.

Exemple concret : calcul du solde N-1 et du solde N

Voici un exemple couramment utilisé par les services RH pour expliquer la lecture du compteur de congés payés sur une fiche de paie. Supposons qu’un salarié ait acquis des congés sur la base légale (2,5 jours/mois).

Type de congés Acquis Pris Solde
Congés N-1 30 jours 20 jours 10 jours
Congés N 7,5 jours 0 jour 7,5 jours

Dans cet exemple :

  • Le salarié a acquis 30 jours de congés N-1.
  • Il en a utilisé 20 jours depuis le 1ᵉʳ juin de l’année N.
  • Il lui reste donc 10 jours de congés N-1 à poser avant la fin de la période de prise.
  • En parallèle, il a commencé à cumuler des jours pour l’année N (7,5 jours).

Son solde total de congés payés disponible à date est donc de :

10 jours (N-1) + 7,5 jours (N) = 17,5 jours

Erreur fréquente : confondre solde N-1 et solde N

De nombreux salariés — et parfois même des managers — confondent les CP N-1 et les CP N, alors que leur finalité est totalement différente.

1. Congés N-1 : immédiatement utilisables

Ce sont les congés déjà acquis au titre de la période précédente. Ils doivent être soldés avant la date limite (généralement le 31 mai N+1).

2. Congés N : en cours d’acquisition

Ils correspondent aux jours que le salarié cumule au fil des mois de l’année en cours. Par défaut, ils ne sont utilisables qu’à partir du 1ᵉʳ juin suivant, sauf dérogation (prise anticipée autorisée par accord collectif ou par l’employeur).

3. Conséquence de la confusion

Confondre les deux soldes peut entraîner :

  • une mauvaise anticipation du planning des congés ;
  • la perte de jours N-1 si l’employeur a correctement informé le salarié ;
  • des erreurs de lecture sur la fiche de paie (ex : penser disposer de 25 jours alors qu’une partie est en N et non utilisable immédiatement).

Bien distinguer ces deux compteurs est indispensable pour éviter une mauvaise planification et respecter les délais imposés par le Code du travail.

L’essentiel à savoir sur la prise, la perte et le report des congés N-1

Les congés N-1 doivent être pris entre le 1ᵉʳ juin N et le 31 mai N+1. Cette période constitue la fenêtre obligatoire de prise des congés acquis l’année précédente. Les dates précises de départ sont
fixées par l’employeur, après consultation du salarié, conformément au Code du travail. Les congés N-1 peuvent être posés par journée ou demi-journée, sauf dispositions internes contraires.

Congés N-1 non pris : principe, exceptions et nouvelles règles

Par principe, les congés N-1 non pris avant la date limite sont perdus. Cependant, depuis les décisions jurisprudentielles de 2023-2025, un salarié ne peut plus perdre ses congés payés si l’employeur ne prouve pas qu’il l’a informé clairement de ses droits et mis en mesure de les prendre.

Une indemnisation n’est possible que dans deux cas :

  • Rupture du contrat (CDI, CDD, démission, licenciement, rupture conventionnelle) avec versement de l’indemnité compensatrice ;
  • ou si la perte des congés est imputable à l’employeur (refus systématique, charge de travail excessive).

Dans quels cas les congés N-1 peuvent-ils être reportés ?

Le report est automatique lorsque le salarié n’a pas pu prendre ses congés en raison d’un :

  • arrêt maladie ;
  • accident du travail ou maladie professionnelle ;
  • congé maternité ou adoption.

Un report est également possible lorsque :

  • un accord collectif, un usage ou l’employeur lui-même l’autorise ;
  • le salarié dispose d’un CET pour y déposer la 5ᵉ semaine ou des jours conventionnels ;
  • le salarié est en forfait jours, si un accord prévoit un report jusqu’au 31 décembre N+1.

Conséquences en cas de rupture du contrat

À la fin d’un contrat de travail, tous les congés non pris, qu’ils soient N-1 ou N, ouvrent droit à une indemnité compensatrice de congés payés. Cette indemnité est obligatoire, quel que soit le type de rupture (licenciement, démission, CDD, rupture conventionnelle).

Risques pour l’employeur en cas de mauvaise gestion des congés N-1

L’employeur doit informer explicitement le salarié de ses droits à congés et des échéances.
En cas de manquement, il peut être condamné à :

  • payer les jours de congés perdus ;
  • verser des dommages et intérêts ;
  • réviser la paie et se mettre en conformité RH.

Une gestion rigoureuse des congés N-1 est donc indispensable pour éviter les litiges et garantir la conformité légale.

Conclusion pour bien comprendre les congés N-1

Les congés N-1 jouent un rôle essentiel dans la gestion des absences et de la paie. En connaissant la période de prise, les règles de calcul et les conditions de report, salariés et employeurs évitent les pertes de jours, les litiges et les erreurs de bulletin de salaire. Avec des obligations renforcées depuis 2023, l’employeur doit désormais informer clairement ses équipes pour garantir l’exercice effectif du droit à congés. Une gestion rigoureuse, soutenue par un outil RH ou un logiciel adapté, reste la meilleure manière d’assurer conformité, transparence et organisation optimale.

Foire aux questions

Que signifie “congés N-1” sur ma fiche de paie ?

Les congés N-1 sont les jours de congés payés acquis pendant la période de référence précédente
(du 1ᵉʳ juin N-1 au 31 mai N). Ce sont les congés que vous pouvez utiliser immédiatement.

Jusqu’à quelle date puis-je prendre mes congés N-1 ?

En règle générale, les congés N-1 doivent être pris avant le 31 mai N+1.
Passé ce délai, ils peuvent être perdus, sauf exceptions (maladie, maternité, accord de report…).

Les congés N-1 non pris sont-ils définitivement perdus ?

Pas toujours. Le principe légal prévoit leur perte après la date limite, mais depuis la
jurisprudence 2023–2025, l’employeur doit prouver qu’il vous a informé de vos droits.
Sans cette preuve, les congés ne peuvent pas être supprimés.

Peut-on poser des congés N-1 par demi-journée ?

Oui, sauf si un accord collectif ou une règle interne impose une prise en journées complètes.
La plupart des entreprises acceptent les demi-journées.

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